Suite à l’utilisation d’une rampe d’entraînement à la marche (début de la rééducation), j’ai sélectionné comme premier dispositif de mobilité pour cette patiente hémiplégique le déambulateur à une main Wheeleo®.
Ce choix s’est imposé face à un tableau moteur complexe. La patiente présente plusieurs altérations de la marche :
- Une latéropulsion marquée
- Un déficit de flexion de hanche en phase (pré)oscillatoire
- Une tendance à l’adduction de la jambe en phase oscillatoire
- Un récurvatum du genou pendant la phase d’appui
Adapter le Wheeleo® pour contrer la latéropulsion
Pour compenser la latéropulsion, j’ai réglé le Wheeleo® en position basse. Cette stratégie vise à favoriser l’inclinaison naturelle du corps vers la poignée, qui vient contrebalancer celle induite par la pathologie. En d’autres termes, une inclinaison contrôlée vers l’appui peut corriger une inclinaison pathologique : moins par moins égale plus.
Utiliser une bande Velpeau® pour optimiser l’alignement
Afin de limiter la chute vers le côté parétique, j’ai positionné une bande Velpeau® pour contrer l’adduction de la jambe. En plaçant le pied davantage en dehors, on optimise l’appui et on évite que l’adduction n’amplifie le déséquilibre latéral. Ce phénomène est fréquent chez les patients présentant une faiblesse des moyens fessiers.
La bande Velpeau® m’aide aussi lors du passage du pas :
- Elle guide la progression du pied (amplitude, rythme, alignement),
- Elle corrige la rotation lors du contact du talon avec le sol,
- Et elle me permet de préserver mon propre dos, en intervenant à distance tout en maintenant un rythme proche de la marche normale, facteur essentiel pour réactiver les automatismes locomoteurs.
Orthèse et stratégie pour le récurvatum
La patiente porte une orthèse BlueRocker®. Une petite cale sous le talon pourrait réduire le récurvatum, mais dans ce cas précis, le récurvatum apporte un verrouillage stable du genou, garantissant une certaine sécurité à la phase d’appui. Comme souvent, il s’agit ici d’un compromis entre stabilité et physiologie, à évaluer au cas par cas.
Avantages spécifiques du Wheeleo® dans ce contexte
Le Wheeleo® permet une marche en deux temps, ce qui constitue un progrès important par rapport à la marche en trois temps souvent observée lors des exercices à la rampe ou avec des aides comme la canne tripode ou quadripode. Ces dernières renforcent parfois un schéma de marche dégradé.
En revanche :
- Le Wheeleo® assure un appui constant, même en mouvement.
- Il réduit la latéropulsion (hauteur basse et + de sécurité).
- Il favorise une meilleure fluidité de la marche, sans sacrifier la sécurité.
Conclusion : un outil-clé pour optimiser la marche hémiplégique
Dans le cadre de cette rééducation complexe, le Wheeleo® s’est révélé être un outil central. Il permet non seulement d’accompagner les déficiences spécifiques de la patiente, mais aussi de stimuler une marche plus fluide, plus naturelle et plus sécurisée.
Chaque ajustement compte, et ce type de dispositif doit faire partie de la boîte à outils du rééducateur moderne.
Il s’agit de trouver le bon moment pour introduire le Wheeleo® : la latéropulsion doit être suffisamment « gérable ». Si l’utilisation du Wheeleo® ne fonctionne pas, il est rare qu’une canne quadripode fasse mieux. Dans ce cas, mieux vaut revenir à un travail en rampe, contre un mur, avec un repère visuel au sol pour guider la position du pied.