L’analyse fine de la marche est un outil fondamental en rééducation. L’asymétrie de longueur du pas en est un indice clé : elle témoigne d’une contrainte ou d’une stratégie mise en place par le patient. Mais quelle est l’origine réelle de cette asymétrie ?
Cet article propose un double éclairage :
- Le sens de l’asymétrie (quelle jambe rattrape l’autre)
- La logique sous-jacente : contrainte physique ou compensation
SENS 1 : la jambe pathologique est rattrapée par la jambe saine
Contraintes physiques
1. Équin
La limitation de la flexion dorsale de cheville (côté pathologique) lors de l’appui limite la possibilité de passer au-dessus de cet appui. Le récurvatum associé à cet équin pousse le corps en arrière alors qu’il devrait aller vers l’avant.
Le patient ne peut pas avancer sur sa jambe atteinte : la bonne jambe doit faire un grand pas.
2. Limitation de l’extension de hanche
La limitation de l’extension de hanche (côté pathologique) va limiter le passage au-dessus de l’appui et va limiter le ‘pas postérieur’. Pas postérieur limité = pas antérieur limité côté opposé.
Le pas postérieur court côté pathologique empêche la bonne jambe d’avancer normalement.
Compensations
3. Douleurs (orteils, hanche, triceps, arthrose, etc.)
La douleur est une cause fréquente et très puissante de modification de la marche. Le patient adopte une marche “antalgique” pour ne pas se faire mal.
Pour éviter la douleur, le patient raccourcit l’appui sur la jambe atteinte.
4. Manque de flexion du genou en début de phase oscillatoire
Ce manque de flexion du genou peut avoir plusieurs origines : schéma de triple flexion, hypertonie du quadriceps, rétraction du Rectus Femoris… L’asymétrie permet de limiter l’accrochage du pied au sol (on garde la phase montante de l’oscillation de la mauvaise jambe).
L’asymétrie permet de compenser un défaut de flexion en maintenant la jambe dans la phase montante.
5. Récurvatum du genou sur faiblesse du membre inférieur
Le récurvatum est une compensation classique et utile face à une faiblesse des extenseurs du genou. Le risque ? Le déverrouillage du genou et la chute. La marche “en salutation” (inclinaison du tronc en avant) associée à une asymétrie de longueur du pas permet de verrouiller ce récurvatum.
Le pas asymétrique stabilise le genou pathologique en le verrouillant.
6. Marche en 3 temps
La marche en 3 temps est adoptée par les personnes qui cherchent à avoir toujours deux appuis pour se stabiliser. Toujours dans sa recherche d’optimisation de son équilibre, ils s’arrêtent en double appui pour déplacer leur canne, un pied l’un à côté de l’autre. La longueur du pas du bon côté sera plus courte…
Le Wheeleo® supprime la marche en 3 temps et permet une amélioration significative de l’asymétrie qui est liée à cette démarche.
Le besoin de sécurité lié au déplacement d’une canne perturbe la symétrie du pas.
7. Sensation d’insécurité de l’appui
Instabilité de la cheville, du genou, peur de passer à travers le genou, perte de sensibilité… La limitation du temps d’appui et de la mise en charge va être à l’origine d’une asymétrie.
Moins d’appui sur la jambe instable = asymétrie compensatrice.
8. Correction du récurvatum
La compensation classique pour éviter de “claquer” du genou, fortement encouragée par les kinésithérapeutes, est de placer le genou en hyperflexion. Les résultantes des forces s’annulent et le genou peut être stable. Un pas symétrique diminuerait cette hyperflexion et entraînerait un nouveau déséquilibre et un récurvatum en fin de phase d’appui.
L’asymétrie préserve la stabilité du genou (limite le récurvatum).
SENS 2 : la jambe saine est rattrapée par la jambe pathologique
Contraintes physiques
9. Flessum de genou
Le flessum de genou limite l’amplitude du pas antérieur malgré une flexion de hanche qui est correcte.
La jambe pathologique ne peut pas allonger son pas.
10. Faiblesse de l’appui (quadriceps, triceps)
Lors de l’appui sur le membre inférieur faible, et sans compensation en récurvatum, le corps s’effondre. Le patient doit dès lors rattraper cet effondrement qui le projette en avant. Il fait un grand pas avec sa bonne jambe.
L’asymétrie est une réaction au déséquilibre causé par la faiblesse.
11. Faiblesse des fléchisseurs de hanche
Cette faiblesse empêche le patient d’avancer sa mauvaise jambe vers l’avant alors que la bonne jambe avance bien.
La jambe pathologique traîne et ne suit pas.
12. Pied qui accroche
Pour différentes raisons, le pied peut accrocher le sol et être freiné lors de l’avancement de la mauvaise jambe vers l’avant.
Un accrochage du pied pathologique ralentit son avancée.
13. Négligence corporelle
Le patient peut négliger son hémicorps et “traîner” celui-ci derrière lui. Tout l’hémicorps est en rétroposition.
L’asymétrie est due à une non-utilisation partielle du corps.
Compensation
14. Douleur au talon
Afin de ne pas se faire mal au talon, la longueur du pas va être réduite pour prendre appui sur l’avant-pied.
La stratégie d’évitement de la douleur raccourcit le pas.
Conclusion
L’asymétrie de longueur du pas peut être :
- subie : contrainte physique liée à une limitation ou une faiblesse
- choisie : compensation active ou réflexe pour éviter un problème plus grave
Pour le thérapeute, l’objectif est de décoder ces stratégies pour mieux guider le patient vers une marche fonctionnelle.
Le Wheeleo®, en permettant une mise en charge fluide et sécurisée, peut aider à réduire les asymétries inutiles tout en respectant les adaptations nécessaires.
Et vous ? Quelles causes d’asyémtrie avez-vous rencontrées dans votre pratique ?
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