Faut-il activer les freins du rollator lorsqu’un patient s’assoit sans accoudoirs ?

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La question peut sembler simple, mais elle revient régulièrement dans les pratiques de terrain, notamment en gériatrie, en rééducation ou à domicile : faut-il recommander à un patient de bloquer les freins de son déambulateur (rollator) pour s’asseoir, en l’absence d’accoudoirs ?

Cette interrogation soulève des enjeux biomécaniques importants liés à l’équilibre, au placement du centre de gravité, et à la stratégie posturale adoptée spontanément (ou non) par les patients.

S’asseoir en toute sécurité : une question de biomécanique

Pour s’asseoir sans chute ni déséquilibre, le centre de gravité du patient doit se situer au-dessus de ses appuis. Ce positionnement s’obtient en basculant le tronc vers l’avant : tête et épaules s’inclinent, pendant que le bassin recule.

Or, ce mouvement d’inclinaison antérieure est souvent freiné par une mauvaise utilisation du rollator, notamment lorsque :

  • Les freins sont enclenchés et bloquent le déambulateur,
  • Le rollator est placé trop près du corps,
  • Le patient craint de perdre l’équilibre s’il se penche en avant.

Le paradoxe des freins

Bien que cela puisse paraître contre-intuitif, bloquer le rollator peut augmenter le risque de chute arrière, surtout chez les patients ayant déjà une tendance à s’asseoir avec unléger déséquilibre arrière, avec peu d’inclinaison antérieure.

Lorsque le rollator est fixe, il ne suit pas le mouvement naturel du patient vers l’avant. Résultat : la personne se déséquilibre en arrière, faute de pouvoir déplacer son appui antérieur. Cela génère souvent une peur de « basculer par-dessus », ce qui aggrave la posture de retrait.

Recommandation clinique : éviter les freins, favoriser l’ajustement

Il est souvent plus sûr de ne pas activer les freins lorsqu’un patient s’assoit à l’aide d’un déambulateur sans accoudoirs. Cela permet au dispositif de se déplacer légèrement pour suivre le mouvement du corps, tout en assurant un appui stable à condition que l’appui soit vertical et non oblique.

Réassurance : le déambulateur ne « glissera » pas

Beaucoup de professionnels (ou de proches) redoutent que le rollator roule et entraîne une chute. En réalité, si le patient applique un appui vertical (et non une poussée oblique), le rollator reste stable, même sans freins.

Le Wheeleo®, conçu pour offrir un appui continu et un mouvement naturel, respecte parfaitement cette logique : il permet une adaptation fine du positionnement tout en maintenant la stabilité, ce qui facilite l’assise, le redressement, et le maintien de l’équilibre.

Que faire si le patient a des difficultés à se pencher en avant ?

Il arrive qu’un patient ne parvienne pas spontanément à incliner le tronc vers l’avant. Dans ce cas, il est utile de :

  • Relâcher les freins (s’ils étaient serrés),
  • L’inviter à pousser légèrement le rollator vers l’avant pour l’aider à engager le mouvement et placer son centre de gravité au dessus de ses appuis,

Cette simple modification de consigne change souvent toute la dynamique du geste.

Cas particuliers : quand faut-il mettre les freins ?

Il existe bien entendu des exceptions. Voici deux cas fréquents :

  1. Lorsque le patient souhaite s’asseoir sur le siège du rollator lui-même, les freins doivent être impérativement enclenchés en mode « parking » pour garantir la sécurité.
  2. Lorsqu’il y a des accoudoirs (chaise, fauteuil, toilettes avec accoudoirs), la question du freinage du rollator devient secondaire, car l’assise se fait avec appuis latéraux directs. L’utilisation des accoudoirs, même si cela permet d’amortir l’assise, il n’aide pas le patient à se pencher en avant en sécurité.

Conclusion

Le réflexe de « mettre les freins pour sécuriser » doit être nuancé en fonction de la situation. Dans de nombreux cas, laisser le rollator libre permet un meilleur accompagnement du mouvement naturel du patient, en facilitant l’inclinaison vers l’avant et donc la stabilisation du centre de gravité.

Une fois cette logique comprise et expérimentée, les patients comme les professionnels constatent un gain de fluidité, de confiance et de sécurité.

Cette réflexion constitue un choix de base dans ma pratique : par défaut, je ne recommande pas de mettre les freins. Toutefois, si l’observation clinique montre que l’activation des freins améliore réellement la sécurité ou la fluidité du mouvement pour un patient donné, il ne faut évidemment pas s’en priver. La question mérite donc d’être posée à chaque situation individuelle : faut-il mettre les freins ou non ?

Image de Geoffroy Dellicour

Geoffroy Dellicour

Geoffroy Dellicour est kinésithérapeute au Centre Hospitalier Neurologique William Lennox (Belgique) depuis plus de 20 ans. Il est le concepteur du Wheeleo®. Il a une sérieuse expérience en rééducation. Il est passionné par l'innovation et la rééducation de la marche.

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